Passer de l'ombre à la lumière:
- Marie-Noëlle Dubost
- 17 déc. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 déc. 2023
En ce dimanche matin de décembre inondé de lumière, le ciel bleu et le soleil n'arrivent pas à me donner de l'énergie. Je suis épuisée. J'ai décliné l'invitation de ma professeur de yoga qui proposait pourtant d'aller saluer le soleil dès l'aube au dessus de la calanque de Figuerolles, un endroit magique. Je suis restée sous ma couette, le soleil s'est levé sans que je lui dise bonjour. Il me pardonnera.
C'est comme si mon crédit d'énergie pour 2023 était épuisé. J'ai trop dépensé sans compter mes forces, vivement 2024!
J'avais prévu de me reposer ce week-end mais, samedi, je suis repartie signer le certificat de décès d'une patiente qui a fini ses jours chez elle. Son mari et ses filles y tenait. Elle, la principale concernée, ne pouvait plus parler depuis plusieurs mois, en phase terminale d'une maladie d'Alzheimer. Elle était alitée en permanence, sans communication orale, alimentée à la cuillère avec une infinie patience par son mari qui la veillait de jour comme de nuit. Je ne fais plus de visites à domicile depuis plusieurs années. Devant la détresse de ce patient, qui était venu me voir désespéré cet été, j'avais fait une exception. Avec les infirmiers, nous avons organisé la fin de vie qui s'est accélérée pour limiter les souffrances au maximum et soutenir la famille. Me F est partie vendredi soir. Il n'y a pas de week-end pour la mort. Alors, samedi matin, je suis allée voir la famille et signer les papiers du décès. Les filles étaient présentes. Mr F m'a expliqué avec émotion que son épouse avait "choisi" le jour de leur anniversaire de rencontre pour tirer sa révérence. C'était il y a 66 ans. Mon regard a croisé les photos de famille, la photo du couple avant la maladie: Je me suis arrêtée sur le visage de la femme souriante et soignée à côté de son mari, je n'ai pas reconnu la personne rachitique qui venait de s'éteindre dans la pièce à côté. J'ai prononcé des phrases de réconfort, mis un dernier coup de tampon sur le certificat et je suis repartie avec une bonne dose de tristesse. J'ai beau essayé de me résonner, de cloisonner, de relativiser, impossible d'être totalement hermétique à la tristesse ambiante.
Ce matin, en rentrant du marché, je me laissais emporter dans un tourbillon de pensées sombres, lourdes et inutiles. Et puis, une amie m'envoie un SMS: je suis en train de gonfler mon paddle, rejoins-moi, on va faire un tour.
J'ai déposé mes fruits et légumes, j'ai mis mon paddle dans la voiture, enfourné une combinaison dans un sac à dos et je suis partie la rejoindre.
Paddle gonflé, nous avons pagayé dans le calme de la mer, entourées par le bleu scintillant de reflets dorés, le soleil ne m'en voulait pas de lui avoir fait faux bond ce matin, il m'a réchauffée à l'intérieur. J'ai respiré à pleins poumons, étendue sur mon paddle, je me suis fait bercer par l'ondulation des vagues en laissant mon corps récupérer l'énergie dont il a tant besoin au milieu de cette nature magnifique qui ne demande qu'à partager ses richesses. Mes pensées se sont allégées et ma journée s'est terminé de façon beaucoup plus lumineuse qu'elle n'avait débuté.
Le message de mon amie m'a sorti de ma torpeur comme un petit coup de pouce de la vie pour me permettre de repartir. Il m'a mise en mouvement et m'a fait passer de l'ombre à la lumière.
Nous avons tous ces petites étincelles dans notre quotidien. Elles viennent nous tirer de nos idées sombres et illuminer nos journées.
Et vous? A quel moment, une petite lumière est venue égayer votre journée et vous redonner de l'énergie?

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